Table of contents
L’enseignement de français, la Traduction et
l’interprétation: Des impératives pour le Nigéria et la CEDEAO
Par
Khadijah Ashiru-Abdulrahman (PhD)
Department of
French
Nassarawa State University, Keffi, Nassarawa State
ashkhadfol@gmail.com
+2348128151518
Abstract
The world is living at the pace of globalization, which is
becoming more and more pronounced and affecting all areas. However, we often
forget to talk about the vehicles of globalization, without which globalization
would be nothing more than a utopia. These are translation and interpretation,
which are. the oxygen of globalization. Thus, in linguistic context, the world
has no choice than to embrace it. In this case, Nigeria, the giant of Africa
and the ECOWAS, find themselves in the same perspective. Translation and
interpretation are obligatory Steps to follow in a globalizing context. The
thrust of this paper are: Teaching of French, importance of translation and
interpretation in Nigeria.
Keywords
: Teaching,
translation, interpretation, globalization, French, communication, language.
Résumé
Le monde vit au rythme de la
mondialisation
qui s’accentue de plus en plus et affecte tous les
domaines. Cependant on oublie bien souvent de parler des véhicules de la
mondialisation, sans lesquels, cette dernière ne serait qu’une utopie.
Il s’agit de la traduction et l’interprétation, qui constituent. l’oxygène de
la mondialisation. En effet dans un contexte de diversité linguistique le monde
n’a pas d’autre choix que d’y recourir. Dans cette course, le Nigeria, le géant
de l’Afrique, et la CEDEAO, une organisation dont il est le pivot, se trouvent
dans la même optique. L’activité traduisante et l’interprétation sont un
passage obligatoire pour survivre dans un contexte mondialisant. Dans ce
travail, nous abordons les titres suivants: L’enseignement du français,
l’importance de la traduction et l’interprétation au Nigéria.
Mots clés:
Enseignement, traduction,
mondialisation, interprétation, français, communication, langue.
Introduction
La langue est l'un
des domaines les plus importants du développement humain. La compétence
communicative de l’être humain constitue la principale caractéristique qui le
distingue des autres cr
é
atures. Le développement humain ne peut
être maintenu que lorsque les gens, individuellement et collectivement, sont
exposés à de nouvelles et de plus grandes possibilités qui en résultent dans la
réalisation du potentiel humain. Cependant, de nouvelles opportunités ne se
présentent que lorsque les êtres humains communiquent entre eux. Pour un
développement significatif et durable, donc, l'accès à l'information est
primordial. Cependant le principal canal de propagation est la communication,
ce qui fait de cette dernière un facteur prépondérant dans les efforts de
développement. Si la communication efficace est la racine de développement,
alors les questions relatives à la langue ne pouvaient pas être objets de
négligence d’autant que la langue jouit d’une position sine qua non en
communication. En outre, la maîtrise de la langue est considérée comme un
capital humain et on ne peut pas ignorer le fait que le développement du
capital humain est une nécessité actuelle entre les Nigérians d’aujourd'hui.
C’est fort de cette affirmation que nous allons aborder
trois questions intimement liées à savoir le statut de la langue française au
Nigeria, l’activité traduisante et interprétative au Nigeria, et les impératifs
du développement et de la coopération du Nigeria avec les autres pays, tant au
niveau sous régional que continental.
Notre objectif dans ce travail est de soutenir la thèse
que l’avenir du Nigeria repose sur le renouvèlement du statut de la langue
française, qui ensuite constituera la pierre de lance de l’activité traduisante
et interprétative pour la simple raison que la traduction et l’interprétation
sont sine qua non au processus de la communication et de l’échange du
savoir.
La traduction et l’interprétation sont devenues de plus
en plus importante et même une pré-condition au processus de mondialisation en
cours. Nous serons appelés à traduire et
à
interpréter à cause du niveau d’interaction de plus en
plus poussé entre les différentes régions du monde et les différentes activités
qui y sont impliquées dans un contexte de diversité linguistique. Pour le Nigéria,
ce processus est rendu plus complexe par un certain nombre de facteurs:
1.
La position géographique du Nigéria -
cerné de toute part par des pays francophones.
2.
Le rôle de pivot que le Nigéria joue
au sein de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest.
3.
La puissance économique régionale,
voire continentale.
4.
Le Nigéria comme centre d’attraction
des investissements internationaux.
Ces quatre points clés constituent les raisons
principales pour la revitalisation et la redynamisation de l’enseignement du
français et le développement de l’activité traduisante et d l’interpretation au
Nigéria.
La position géographique du Nig
éria en Afrique et l’importance du français au Nigeria
.
La politique de l'éducation de la langue de chaque pays
établit, selon Owoeye (2010), une liste de langues à être
enseignées dans les écoles compte tenu de leur importance et de leur pertinence
pour le développement national et l'intégration internationale. Pour cette même
raison, dans la politique de l’
é
ducation du Nigéria, l'enseignement
de la langue anglaise a le statut de langue officielle tandis que les langues
nigérianes bénéficient du statut de langues nationales. Le dernier groupe de
ces langues privilégiées, figurant sous la rubrique des langues étrangères,
comprend le français et l’arabe. Cependant, Bariki (1999) a contesté la
désignation de l'arabe comme seule langue étrangère au Nigéria. Il est d'avis
que l'arabe est une langue indigène au Nigéria.
En regardant de façon critique, le français et l’ arabe occupent
à la fois la position la plus importante et la plus cruciale des langues
étrangères aux Nigérians et ce fut l’une des raisons pour la création du
Village Français du Nigeria,
à
Badagry. En analysant les facteurs qui
sont responsables pour le choix d'une langue étrangère à être enseignée dans
les écoles d’un pays donné, Ajiboye, a
formulé quatre principes. Pour Owoeye ces principes peuvent être utilisés pour
analyser la base de la position prestigieuse du français comme première langue
étrangère au Nigéria. Ces principes sont énoncés ci-dessous:
1. le principe de voisinage
géographique
2. le principe de la diplomatie
3. le principe du progrès technologique
4. le principe de l'interdépendance mondiale (Owoeye,
2010).
On peut facilement dire que le français satisfait tous
les quatre principes. Le français est la langue officielle des pays limitrophes
du Nigéria (Bénin, Niger, Cameroun, Tchad). Le français et l'arabe sont les
langues de la diplomatie, rendant ainsi les deux langues à satisfaire le second
principe. Cependant, alors que le français est la langue maternelle et la
langue officielle des nations très technologiquement avancés tels que la
France, le Canada, la Suisse et la Belgique, aucun des pays de langue arabe
n’est célébré comme une nation technologiquement avancée. Les deux langues
remplissent le principe de l'interdépendance mondiale. Le résultat de cette
analyse montre
,
selon Owoeye (2010)
,
que le français réunit toutes les quatre
conditions alors que l’arabe ne réunit que deux. Lorsque les principes
d’Ajiboye sont utilisés comme paramètres pour déterminer la langue étrangère la
plus pertinente au Nigéria, le français sera le choix incontestable.
Un autre angle à travers lequel on peut regarder
l'importance du français au Nigéria est la position du Nigéria dans la
sous-région ouest-africaine. Selon Okeke (1999), le rôle de leadership du
Nigéria dans la CEDEAO serait plus significatif lorsque les Nigérians sont
capables de parler les langues officielles des autres pays membres de la communauté
sous-régionale, principalement le français.
Il est intéressant de souligner que sur les quinze pays de la CEDEAO, huit sont
des pays francophones, cinq sont anglophones et deux sont lusophones. Pour être
la langue officielle de huit pays sur quinze, le français jouit du statut de la
majorité simple avec 53%. Il est donc la langue de première ligne de la CEDEAO.
Il serait rentable pour les Nigérians d’apprendre le français plutôt que
d'encourager les citoyens des pays francophones d’apprendre l'anglais, la
langue officielle au Nigéria. Le Nigéria en tant que grand frère de l'Afrique
en général et en Afrique de l'Ouest en particulier, est plus riche que tous les
pays d'Afrique de l'Ouest francophone réunis. De ce fait, le Nigéria est censé
être mieux plac
é
pour promouvoir l'apprentissage du
français que les autres promouvoir l’apprentissage de l’anglais.
La pertinence économique du français au Nigéria est un
autre aspect qu’on ne peut ignorer dans l'analyse de l'importance de cette
langue. Il y a plusieurs entreprises françaises opérant au Nigéria qui ont
besoin des services de professionnels qui ont une connaissance pratique de la
langue française. Ces entreprises sont CFAO, SCOA, BNP, Total, Elf, Michelin,
Peugeot, Fougerole, SGE, Bouygues, SAE, SPIE-Batignolles, Degrémont et Bec
Frères. Lorsque tous ces facteurs sont pris en compte, l'importance du français
comme langue étrangère au Nigéria ne sera plus contestable.
Pendant la Conférence de Reformes Politiques Nationales
(NPRC) qui a eu lieu en 2005 à Abuja, cette importance a été reconnue et l'une
des résolutions contenues dans le rapport présenté au président Olusegun
Obasanjo était que l'enseignement du français devrait être poursuivi vigoureusement
au niveau secondaire en raison de sa pertinence dans la sous-r
é
gion ouest-africaine.
Il est également opportun d'examiner la dimension
microcosmique de la pertinence du français aux Nigérians. Au Nigéria, il y a de
nombreuses organisations internationales ayant le français comme langue de
travail clé. Beaucoup de ces organisations, y compris leurs agences, ont des
bureaux au Nigéria et auraient certainement besoin de travailleurs qui peuvent
s’exprimer non seulement en anglais mais aussi en français. Par exemple, le
secrétariat international de la CEDEAO se trouve à Abuja et les personnes
désirant travailler dans le secrétariat devraient avoir une connaissance
pratique du français pour pouvoir y obtenir un emploi. De temps en temps, la
CEDEAO et d'autres organisations internationales ayant des bureaux au Nigéria
annoncent des postes vacants dans les quotidiens nationaux pour certaines
professions (comptable, Ingénieurs, Secrétaires, économie, Avocats, etc.) avec
une connaissance pratique de la langue française, mais très rare que les
Nigerians puissent postuler.
En dehors de ces organisations internationales, la France
est un partenaire commercial de première ligne du Nigéria. Cette relation
économique bilatérale nécessite un personnel bilingue français-anglais qui
/pourrait intervvenir dans les différentes activités commerciales et des
entreprises françaises opérant au Nigéria dans presque tous les secteurs de
l'économie. Ces entreprises sont dans le secteur de l'énergie, secteur
bancaire, secteur de la construction, secteur de la distribution, alors les
professionnels nigérians ayant une connaissance du français seront facilement employ
és
dans ces entreprises.
Une autre dimension de la pertinence de la langue
française au Nigéria aujourd'hui est le fait que certaines de ces entreprises
au Nigéria ont maintenant des succursales de leurs activités dans les pays
francophones voisins et ont besoin de professionnels nigérians qui seront en
mesure de travailler dans ces pays. Il va sans dire,
donc, que les professionnels nigérians qui
peuvent parler et écrire le français en ce qui concerne leurs professions vont
avoir les mains dessus sur leurs homologues qui ne parlent que l'anglais dans
les domaines de perspectives d'emploi.
Nigéria, la CEDEAO: la nécessité du français et l’activité traduisante.
La Communauté Economique des États de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO) est une organisation intergouvernementale ouest-africaine
créée le 28 mai 1975. C'est la principale structure destinée à coordonner les
actions des pays de l’Afrique de l'Ouest. Son but principal est de promouvoir
la coopération et l'intégration avec pour objectif de créer une union
économique et monétaire ouest-africaine. En 1990, son pouvoir est étendu au
maintien de la stabilité régionale avec la création de l'ECOMOG, groupe
militaire d’intervention qui devient permanent en 1999. La CEDEAO compte
aujourd'hui 15 États membres. Selon le FMI, en 2012, le PIB, PPA global des
États membres de la CEDEAO s'élève à 564,86 milliards de dollars US ce qui en
fait la 25e puissance économique du Monde.
Le Nigéria est le pivot de la CEDEAO et plus de 50% de la
population des pays membres vit au Nigéria. Le PIB du Nigéria est supérieur à
celui de tous les autres Etats de la CEDEAO réunis avec un budget annuel de la
CEDEAO de 31% par rapport à seulement 12,6% du deuxième plus contributeur- Côte
d'Ivoire, ainsi que du Fonds de la CEDEAO (32% de par rapport à seulement 13%
en Côte d 'Ivoire).
La prééminence de l'économie nigériane vis-à-vis des
autres Etats de la CEDEAO, et de ses grandes responsabilités financières, pose
inévitablement la question de la valeur de la CEDEAO pour le Nigéria. De
nombreux programmes d'intégration régionale ont été mis en place en Afrique
dans le but d'atteindre un marché plus de la moitié de la taille du Nigeria. En
outre, la production industrielle nationale du Nigéria est encore insuffisante
pour répondre aux vastes besoins de son marché intérieur,
à
plus forte raison fournir des
exportations importantes aux Etats voisins de la CEDEAO.
Cela a conduit à la conclusion, dans certains milieux que
le Nigéria n'a pas besoin de la CEDEAO, au moins à court terme. Le sentiment
qui prévaut est que ce qui vient essentiellement de la CEDEAO sont les maux de
tête, l'immigration massive des étrangers en situation irrégulière, la
contrebande endémique et des grandes obligations financières, en particulier
pour le maintien de la paix. Cependant, en dépit de ces inconvénients, il ne
fait aucun doute qu'il est dans l'intérêt personnel du Nigéria d'appuyer pleinement
la CEDEAO. Très tôt le Nigéria aura besoin d'un cadre régional et un marché
pour son économie en plein essor. Par conséquent, il est prudent de jeter les
bases de cette interaction qui est facile grâce à la traduction et à
l’interprétation.
Un besoin essentiel pour la CEDEAO découle de la nature
«artificielle» des frontières internationales léguées par la démarcation
coloniale en Afrique de l'Ouest.
Malgré le manque de dynamisme des activités commerciales
intra CEDEAO: seulement 2% des exportations totales de la CEDEAO et de 3% du
total des importations sont dans la région. Ceci traduit selon Aribisala (2014)
que les pays anglophones commercent les uns avec les autres. Et l'image devient
encore plus déprimante quand on sait que plus de 60% des exportations
intra-Afrique de l'Ouest est représentée par pétrole nigérian seul. Toutefois,
les exportations du Nigéria vers la CEDEAO, qui était en moyenne d'environ 7
pour cent du total de ses exportations entre 2001 et 2006, a chuté à 2,3 pour
cent en 2010. La part des autres pays de la CEDEAO dans les importations du
Nigéria a également diminué de 4,4 pour cent en 2001 à moins de 0,5 pour cent
en 2010 (Aribisala 2014).
En dépit de ces
évolutions défavorables selon Aribisala (2014 ), la CEDEAO reste
nécessaire comme moyen d'inverser les incongruités du commerce de l'Afrique de
l'Ouest, et veille à ce que les pays de la sous-région économiquement plus avec
leurs voisins qu'avec les Etats européens beaucoup plus éloignées. Il faudrait
noter ici que cette interaction ne peut pas réussir sans la traduction et
l’interprétation. En d'autres termes, la CEDEAO reste une tentative ambitieuse
de changer la carte coloniale héritée de l'Afrique de l'Ouest à travers le
processus de la coopération économique et de l'intégration.
La France compte environ 120 entreprises implantées au
Nigéria, dont une quinzaine ont été créées par des expatriés, sans lien direct
avec une structure située en France. Dans ce grand pays anglophone entouré de
pays francophones et qui constituent ensemble une région en marche vers son
intégration, l’interprétation est impérative du même ordre que la traduction.
La Nécessité de la traduction pour le Nigeria et la CEDEAO
On peut dire qu’avant l’avènement du
français, la traduction et l’interprétation existaient déjà au Nigéria puisque
logiquement les colons britanniques et les populations autochtones ne parlaient
pas la même langue.
Munday (2001), partage la même idée quand il affirme que
la traduction est une pratique qui a connu ses débuts depuis les temps
immémoriaux. Cependant, malgré son évolution, la traduction n’a été considérée
digne de spéculation académique et intellectuelle que dans la dernière moitié
du xxe siècle:
However,
although the practice of translation is long established, the
study of the field developed into an academic
discipline only in the second half of the twentieth century.
Cette activité devrait normalement s’intensifier avec le
besoin de communication de plus en plus croissant entre les populations
locales.
Cependant le genre de traduction et interprétation qui
nous concerne ici relève de l’interaction du Nigéria avec le monde extérieur
immédiat, notamment ses voisins francophones dans le cadre de la CEDEAO et les
autres contacts bilatéraux et multilatéraux. Dans ces différents contextes l’interprétation
et la traduction sont des activités inévitables dans la mesure où il y a un
besoin de communiquer entre des partenaires parlant différentes langues,
notamment le français et l’anglais.
Il va sans dire donc que par sa position géographique au
milieu de pays francophones, son rôle de pivot au sein de la CEDEAO et surtout
son rôle de la plus grande nation d’Afrique noire, le Nigéria constitue un
point de mire pour les rencontres internationales /régionales et donc un havre
pour différentes sortes de conférences internationales.
La CEDEAO se trouve au centre de cet enjeu
traducto-interprétatif. D’ailleurs on peut affirmer que la CEDEAO doit sa
survie à la traduction, à l’interprétation. En effet c’est grâce à la
traduction et l’interprétation que les différentes réunions sont possibles et
que des décisions sont unanimement prises pour agir dans le but de résoudre un
problème ou un autre.
La communication est centrale pour l’information au cours
d’une conférence qui est qui est aussi un acte de communication. Par exemple,
lors de la session plénière, des présentations sont faites sur un thème donné,
il y a des réactions, des observations et des contributions. Lorsqu’il s’agit
de la CEDEAO ou le Nigéria et un des ses voisins, les interventions sont faites
dans différentes langues (le français ou l’anglais). Il y a le besoin
d’interpréter d’une langue à une autre pour la compréhension des participants.
Donc l’interprétation constitue le passage obligatoire pour les participants
puisqu’ils doivent compter avec les opinions des autres pour arriver à un
consensus sur un sujet particulier.
A part la plénière, il y a aussi discussions en groupes,
c'est-à-dire une discussion dans un cadre restreint o
ù
les participants vont pour discuter et présenter un
rapport en plénière. Ici aussi, il faut une facilitation du processus par
l’interprétation même si c’est consécutif, c'est-à-dire l’interprète traduit
après avoir écouté l’intervenant. Il y a enfin la rédaction des rapports, ce qui implique les rapporteurs, mais il y a aussi
le besoin de traducteurs puisque généralement, le rapport est rédigé en deux ou
trois langues.
Donc le Nigéria doit
,
pour ses intérêts stratégiques en Afrique de l’Ouest et dans la région
africaine
,
consentir des efforts dans
l’enseignement du français qui va servir de toile de fond à l’activité
traduisante et l’interprétation. Ce besoin est de plus en plus croissant avec
non seulement la mondialisation mais aussi le problème d’insécurité grandissant
qui touche toute la sous-région Ouest Africaine. Le Nigéria fait actuellement
face à la menace terroriste de la secte Boko Haram qui affecte tous les pays de
la Commission du Bassin du Lac Tchad (le Niger ,le Nigéria, le Tchad, le
Cameroun) et indirectement la CEDEAO toute entière.
On pourrait, sans crainte aucune, dire que la traduction
et l’interprétation sont pour la CDEAO et le Nigéria ce que le Nil est a l’Egypte.
Cette donnée doit être prise en compte le plus tôt que possible,
é
tant donn
é
que cela va dans l’intérêt du Nigéria
et de la CEDEAO.
La tendance à la mondialisation nécessite une nouvelle
dynamique pour infuser un nouveau sang dans le développement des ressources
humaines tant au niveau du Nigéria que de la CEDEAO. Pour être
fonctionnellement adéquat il faut non seulement apprendre à lire et écrire une
langue, mais le besoin de la mondialisation exige plus d’une langue.
C’est dans cette perspective que la pratique de la traduction et de
l'interprétation est nécessaire aujourd'hui au sein de la CEDEAO et au Nigéria
avec pour le Nigéria en toile de fond un enseignement plus efficace de la
langue française.
C’est d’ailleurs dans ce sens qu’Owoeye (2013) déclare:
It would not be far from the truth to
say that communication through the use of the natural language plays a
paramount role in the quest for development, be it human, social, political,
technological and any other form of development. A paramount role because
knowledge, which is the life wire of any development effort, is acquired
through information. Information comes through communication powered by
language. Looking at Nigeria as a country, English which is the official
language and language of instruction in schools seems to have become inadequate
for a sustainable human development which must take into account new trends in
the globalized world.
Il ne serait pas
loin de la vérité de dire que la communication grâce à l'utilisation de la
langue naturelle joue un rôle primordial dans la quête du développement, que ce
soit humain, social, politique, technologique et toute autre forme de
développement. Un rôle primordial parce que la connaissance, qui est le pilier
de tout effort de développement, est acquise par l'information. L'information
qui provient de la communication passe parla langue. En regardant le Nigeria
comme un pays, l'anglais qui est la langue officielle et langue d'enseignement
dans les écoles semble être devenu insuffisante pour un développement humain
durable qui doit tenir compte des nouvelles tendances dans le monde globalisé.
(Notre traduction)
Cette redynamisation du rôle de la langue a passé par
l’enseignement et la formation. L’amélioration des ressources humaines passe
par l’amélioration de l’enseignement du français
qui servira de pont au processus de la traduction et l’interprétation au
service du développement. Dans cette optique nous soutenons le point de vue de
Owoeye (2010) lorsqu’il fait une requête sur l’introduction de ce qu’il appelé
‘Optimal Activation of French for Specific Purposes for Human Development in
Nigeria’.
On peut alors se demander dans ce contexte quel est
l’état des lieux dans le domaine de la traduction et de l’interprétation au
Nigeria ?
Avant de répondre à cette question, notons d’abord que la
traduction et l’interprétation sont des professions qui impliquent un certain savoir,
une compétence et une connaissance des règles déontologiques. Ici au Nigéria,
il existe une organisation de traducteurs et d’interprètes, le Nigerian
Institute of Translators and interpreters (NITI) dont la mission principale est
la suivante:
a.
a professional association, the
accreditation body, the regulator and protector of the translation and
interpretation profession in Nigeria.
b.
une association professionnelle,
l'organisme d'accréditation, le régulateur et protecteur de la profession de traducteur
et de l'interprète au Nigéria (notre traduction)
NITI s’inscrit dans la droite ligne de la
professionnalisation de l’activité traduisante et l’interprétariat. Elle vise à
peu près les mêmes objectifs que les autres organisations professionnelles comme
NBA (Nigerian Lawyers) , NMA (Nigerian Doctors), ICAN ( Nigerian Accountants).
Les traducteurs et interprètes travaillent dans les langues nationales et
internationales. L’institut reste ouvert à tous ceux qui s’intéressent à la
linguistique et la traduction.
Le site NITI a été créé en 2007, juste après un grand
succès du 7ème Congrès et atelier de l’ l'institut à Akoka - Lagos. Depuis, il
y a eu plusieurs réunions, à Abuja et toutes les autres branches du pays ,
aboutissant à un Congrès et atelier, le 8ème de la série, qui a eu lieu à Abuja
en Juillet 2008 et a été un succès . Beaucoup d'autres activités ont eu lieu
depuis lors notamment des réunions régulières, en particulier à la branche
d'Abuja et la célébration de la Journée mondiale de la traduction en 2009.
Une partie du communiqué finale de cet atelier disait:
After discussing
the theme of the Congress: ‘Translation and Interpretation in West Africa
Today and Tomorrow', and the various sub-themes with presentations from
various resource persons, the following Resolutions were adopted:
1. The Nigerian
Institute of Translators and Interpreters (NITI) resolves that the Training of
translators and interpreters should be intensified; specifically, University of
Lagos (UNILAG), Lagos State University (LASU), and the Nigeria French Village Badagry,
should be encouraged to intensify efforts at putting in place facilities for
this type of training.
2. NITI notes with
satisfaction and patriotism the steps taken by the National Assembly to
professionalize translation and interpreting activities in Nigeria.
3. NITI will
liaise with the National Copyrights Commission to protect the Intellectual
Property Rights (IPR) of translators and interpreters and other copyright
owners in Nigeria.
4. In view of the
fact that the 2008 NITI Congress focuses on Translation and Interpretation in
the West African sub-region, NITI should liaise with ECOWAS to ensure that the
regional body remains alive to its responsibilities.
5. Considering
that a copyrighter is not a translator, NITI should work hand in hand with the
Advertising Practitioners Council of Nigeria (APCON) to incorporate the
professional input of language experts in the activities of advertising
agencies in Nigeria, especially on issues of transcriptional copyrighting,
dynamic equivalence and linguistic creativity in order to put an end to the
incessant wrong messages, arising from incorrect language translation, found on
billboards all over the country.( Final Communiqué, the 8th NITI Congress and
Workshop,28th-29th November ,2013)
Après avoir discuté du thème du Congrès: «Traduction et
Interprétation en Afrique de l'Ouest aujourd'hui et demain», et les différents
sous-thèmes avec des présentations de différentes personnes-ressources, les
résolutions suivantes ont été adoptées:
1.
L'Institut Nigérian des Traducteurs et
Interprètes (NITI) décide que la formation des traducteurs et des interprètes
devrait être intensifiée; spécifiquement, l’Université de Lagos (UNILAG),
l’Université de l'Etat de Lagos (LASU), et le Village Français de Badagry, devraient
encourager et intensifier les efforts à mettre en place des installations pour
ce type de formation.
2.
NITI note avec satisfaction le
patriotisme des mesures prises par l'Assemblée Nationale en vue de la
professionnalisation des la traduction et de l'interprétation au Nigeria.
3.
NITI assurera la liaison avec la
Commission Nationale de Droits d'Auteurs pour protéger les droits de la
propriété intellectuelle (DPI) de traducteurs et d'interprètes et d'autres
propriétaires de droits d'auteur au Nigeria.
4.
Compte tenu du fait que le Congrès de
NITI 2008 a mis l'accent sur la traduction et l'interprétation dans la
sous-région ouest-africaine, NITI devrait assurer la liaison avec la CEDEAO
pour assurer que l'organisme régional reste vivante prenne ses responsabilités
en la matière.
5.
Considérant que copyright n’est pas un
traducteur, NITI doit travailler main dans la main avec le Conseil de la
publicité praticiens du Nigeria (APCON) à intégrer la contribution
professionnelle des experts de la langue dans les activités des agences de publicité
au Nigéria, en particulier sur les questions de dépôt légal de la transcription
, l'équivalence dynamique et la créativité linguistique afin de mettre un terme
aux incessants messages erronés, découlant de la conversion incorrecte de la
langue, trouvé sur les panneaux d'affichage dans tout le pays. (Communiqué
final, le 8e Congrès NITI et Atelier 28-29th Novembre, 2013) (notre
traduction).
Ces décisions mettent essentiellement l’accent sur la
professionnalisation de la traduction et de l’interprétation, surtout avec des
discussions sur des thèmes sur/de la traduction et de l’interprétation.
C’est notamment le
cas de:
a.
-The Great Potential of the Love and
Practice of Amateur Translation and Interpretation in our Efforts to live
together as one people
by Mr. Emmanuel Kofi Nkansah
b.
-The Role of Culture in English – Hausa
Translation
by
Hafizu Miko
Yakasai and Yakubu Magaji Azare
,
Bayero University
Kano
c.
-Literary Translation as Rewriting
by
Dr S.E Osazuwa, Ekpoma/Uniben
Le projet de loi NITI a passé la deuxième lecture à
plénière de l'Assemblée nationale. Par la suite, la Chambre a invité NITI pour
l'audience publique du processus du projet et il deviendra bientôt une loi. En
2010, NITI commença la mise en œuvre de sa décision antérieure de mettre en
place des examens pour linguistes professionnels qui souhaitent entrer dans la
bergerie de NITI. Des lettres ont été envoyées aux employeurs de professionnels
de la langue pour les encourager à s'inscrire avec l’Institut et profiter des
avantages de l'adhésion. Les publications dans le monde entier des dates
d'examen et l'examen adéquat seront effectuées périodiquement pour admettre de
nouveaux membres. Le premier examen de l'adhésion a eu lieu avec succès en mai
2010. Également l’Institut a élargi une longue orientation professionnelle
permanente en visitant des institutions d'enseignement supérieur pour donner
carrière entretiens d'orientation.
La CEDEAO joue également un rôle prépondérant dans les
différentes activités menées par NITI. Par exemple au 11eme Congres du NITI qui
s’est tenu à Abuja du 28 au 29 Novembre 2013, la Cour de Justice de la CEDEAO
s’est fait remarquée en envoyant une équipe puissante qui a fait justice à la
sous-thème: TRADUCTION ET JUSTICE. Le Parlement de la CEDEAO a pour sa part
envoyé une autre équipe puissante qui a élucidé sur le sous-thème: la
traduction parlementaire et de la gouvernance. Il y a aussi l'Université d'Ilorin
qui a envoyé une autre équipe puissante, dirigée par le Prof. AS Abdusalam, qui
ont participé activement et fait des discussions animées sur l'éducation, en
particulier sur le sous-thème: Traduction Enseignement de la Traduction, Recherche
et Formation. (
http://www.nitinigeria.net/11th-communique
).
En marge du cadre professionnel, il faut aussi dire ici
qu’il y a les interprètes et traducteurs du’ Marché Noir qu’on appelle aussi
les freelance. Beaucoup d’entre eux sont dans la pratique de la traduction et
de l’interprétariat sur la base du bilinguisme. Mais ce dernier groupe doit
être encouragé pour intégrer le cercle des professionnels pour bénéficier de la
formation et la protection dans l’exercice de cette noble profession.
Conclusion
C’est un fait que, dans le contexte de la mondialisation
actuelle, la question de la langue est devenue centrale dans le processus de
communication. Le Nigéria en tant qu’entité dans ce processus ne peut continuer
à fonctionner sur la base d'une seule langue, qui est l’anglais. La CEDEAO a
besoin de la traduction et de l’interprétation pour se faire comprendre parce
que les pays membres ne parlent pas les mêmes langues. En effet, l’enseignement
et l’apprentissage de la langue française est très nécessaire au Nigeria pour
faire face aux barrières linguistiques.
Référence
Aribisala. ‘ECOWAS Imperative for
Nigeria
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HAUSA: Kuna iya rubuto mana tsokaci ko tambayoyi a ƙasa. Tsokacinku game da abubuwan da muke ɗorawa shi zai tabbatar mana cewa mutane suna amfana da wannan ƙoƙari da muke yi na tattaro muku ɗimbin ilimummuka a wannan kafar intanet.